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Deux journalistes russes menacés de mort

Les menaces interviennent après l'empoisonnement de l'ex-agent secret Alexandre Litvinenko • Les deux journalistes travaillent pour Novaïa Gazeta (le Nouveau Journal), le quotidien pour lequel travaillait Anna Politkovskaïa, qui a été assassin
par H.D-P
publié le 27 novembre 2006 à 7h00

A qui le tour ? Après l'assassinat à Moscou de la journaliste Anna Politkovskaïa et l'empoisonnement à Londres de l'ancien agent secret passé à l'opposition, Alexandre Litvinenko,  les cercles démocratiques russes font face à de nouvelles menaces.

Deux journalistes de Novaïa Gazeta (le Nouveau  Journal), pour lequel travaillait  Anna Politkovskaïa, ont ainsi été avertis qu'ils pourraient subir le même sort. L'un d'entre eux a reçu ces menaces par texto sur son portable. Le message comportait entre autres l'adresse privée du journaliste. Anna Politkovskaïa, comme la quasi-totalité des victimes de meurtre commandité, avait été tuée dans l'entrée de son immeuble.

Ce n'est certainement pas la première fois qu'on essaie d'intimider des journalistes en Russie,  mais la multiplication des assassinats, et l'impunité de leurs auteurs, rendent ces menaces plus crédibles et plus angoissantes.

L'un des deux journalistes inquiétés venait d'écrire un article sur l'assassinat de sa consoeur, l'autre sur la situation au Caucase du nord (notamment en Tchétchénie), un dossier dont s'occupait Politkovskaïa avant sa mort. Selon le rédacteur en chef de Novaïa Gazeta, Sergueï Sokolov, ces menaces sont  «liées à l'enquête sur le meurtre d'Anna Politkovskaïa et à la ligne du journal que personnifiait Anna».

Après l'empoisonnement de Litvinenko,  dont on ignore encore les commanditaires tout en soupçonnant fortement le Kremlin ou au moins les " services ", de nombreux analystes se demandent  quelles seront les prochaines cibles.

Ce crime, expliquent les commentateurs en Russie, est un avertissement à ceux qui mènent leurs activités de l'étranger. Londres abrite notamment l'ex-oligarque Alexandre Berezovski, qui finance de nombreuses ONG, et l'envoyé spécial tchétchène Ahmed Zakaïev, dont Moscou a en vain demandé l'extradition à plusieurs pays européens.

«L'élimination physique des dissidents et fauteurs de trouble est devenu pour les autorités un moyen de résoudre le problème qu'ils posent », écrivait à la fin de la semaine Novoïe Vremia ( Temps Nouveau). «Cela peut avoir été décidé pour qu'il soit bien clair pour tous nos ennemis ou transfuges, réels ou potentiels, que les représailles sont inévitables et que 'les nôtres ont le bras assez long' pour les atteindre même à Londres».

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